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Quelque chose de pourri au royaume d’Angela Merkel ?

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L’Allemagne. Pays de Goethe, de Beethoven et de Bismarck. Sa fête de la bière. Son équipe championne du monde de football. Ses autoroutes où on peut faire vrombir sa Porsche sans le spectre du radar. Son budget à l’équilibre. Bref, ce pays de cocagne où Angela Merkel règne avec calme, discrétion et fermeté. Enfin presque. Les eurosceptiques et autres communistes gagnent du terrain. Le maire de Berlin doit se retirer à cause d’une sombre histoire d’aéroport. Et le Frankfurter Allgemeine Zeitung doit licencier 200 employés. Tiens, tiens…

L’Allemagne va bien, merci pour elle. Sur le plan économique d’abord : à la force de ses exportations et de sa rigueur budgétaire, Berlin peut objectivement mettre sa solidité en avant. Politiquement, ça ne va pas mal non plus. Angela Merkel doit de nouveau composer avec le SPD pour gouverner : ça lui a coûté un salaire minimum, mais au fond rien d’inhabituel pour un pays rompu à l’art délicat de la cohabitation. Et en Europe, l’Allemagne continue de faire valoir ses intérêts avec fermeté. Jean-Claude Juncker sera moins malléable que son prédécesseur, mais il fait partie de sa famille politique. Donald Tusk nommé à la tête du Conseil européen a également de quoi lui plaire. Tout comme l’encadrement de Pierre Moscovici par deux autres commissaires résolument pro-austérité doit certainement compenser ses inquiétudes quant à l’arrivée d’un Français dépensier aux Affaires économiques de l’Union.

Non, décidément, tout va bien pour celle qui en est à son troisième mandat consécutif avec une cote de popularité jamais démentie. De quoi voir venir ? Peut-être pas tout à fait.

Déjà les dernières élections régionales partielles ont réservé de mauvaises surprises à la chancelière. Le 14 septembre, deux Länder de l’Est, Thuringe (Erfurt) et Brandebourg (Potsdam), ont en effet offert de bons scores à Alternative Für Deutschland (AfD), parti eurosceptique réclamant la sortie de l’euro et à Die Linke, la gauche radicale allemande. L’AfD avait déjà réussi ses élections européennes et le scrutin du 31 août dernier en Saxe. Cette fois, il passe même la barre symbolique des 10 %. De quoi courroucer Angela Merkel, qui s’escrime à maintenir un discours europhile et à combattre le populisme de droite, décidément en progression partout en Europe. Quant à Die Linke, le parti s’est payé le luxe d’obtenir 28 % des suffrages dans la région de Thuringe et d’être donc en mesure de constituer une coalition avec le SPD pour gouverner. Un véritable affront pour celle qui a été élevée à l’anticommunisme. Angela Merkel prête à Bodo Ramelow, tête de liste de Die Linke, la volonté de « faire entrer Karl Marx à la chancellerie ». Tout un programme.

A ces (quelques) déboires politiques, préoccupants, mais pas encore catastrophiques, s’ajoutent également des contrariétés venant (légèrement) écorner l’image idyllique de l’Allemagne. A titre d’exemple, le maire de Berlin, Klaus Wowereit, en poste depuis 13 ans, a annoncé sa démission en raison du fiasco du chantier du nouvel aéroport de la capitale, censé remplacer ceux, petits et inadaptés, existant actuellement. Naturellement, ce destin à la Jean-Marc Ayrault ne doit pas totalement empêcher Angela Merkel de dormir – comme l’ancien Premier ministre français, M. Wowereit est de gauche – mais cette affaire démontre qu’en Allemagne aussi, et même dans le secteur industriel, il peut y avoir des couacs retentissants. Notons que même s’il ouvre un jour, cet aéroport sera immédiatement saturé : sa capacité d’accueil est de 27 millions de passagers par an, alors que Tegel et Schönefeld, aujourd’hui toujours en service, en reçoivent… 26 millions. Insuffisant donc pour faire de Berlin le « hub » que la capitale fédérale ambitionne de devenir.

Et pour pousser jusqu’au bout le parallèle, à peine de mauvaise foi, avec la France si souvent critiquée outre-Rhin, évoquons enfin le plan social décidé par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, référence de la presse quotidienne allemande. 200 suppressions de postes, dont 40 journalistes, sont prévues au cours des trois prochaines années. A peine moins brutal que ce que Libération s’apprête à connaitre.


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