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La Ryder Cup est-elle exportable aux autres sports européens?

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La 40e édition de la très sélecte Ryder Cup de golf vient de s’achever. Avec une victoire européenne. Ça devient une habitude. Une compétition singulière en ce qu’elle regroupe dans une même équipe les plus grands champions européens de la discipline, quelle que soit leur nationalité, pour affronter les Etats-Unis. Un format prisé des joueurs, ravis de donner une dimension continentale et collective à leur sport. Mais un modèle pas vraiment exportable.

Pendant longtemps, la Ryder Cup a opposé les Etats-Unis au seul Royaume-Uni. Un combat déséquilibré et souvent à sens unique qui a incité les organisateurs à ouvrir le tournoi à l’ensemble des îles britanniques, puis à l’Europe dans son intégralité en 1979. Le ratio défaites-victoires s’est sensiblement lissé. Depuis le début des années 2000, l’Europe fait même office de patron, avec désormais six éditions sur sept remportées. Mieux, depuis 1993, les Etats-Unis ont été incapables de gagner sur le sol européen, un phénomène encore vérifié ce week-end à l’hôtel Gleneagles, à Perthshire en Ecosse.

Le format de l’épreuve est le suivant :

    - Les vendredi et samedi matins, 8 « fourballs ». Dans chacun d’entre eux, deux Européens affrontent deux Américains. Chacun joue sa balle et la meilleure performance individuelle est retenue pour chaque trou. En cas d’égalité, personne ne marque.
    - Les vendredi et samedi après-midis, 8 « foursomes ». Même principe que les fourballs, avec deux équipes de deux joueurs qui s’affrontent. Seulement, cette fois, une seule balle en jeu par équipe, frappée alternativement par les deux équipiers.
    - Et le dimanche, 12 matchs simples, en un contre un.

Au total, 28 parties sont donc organisées, chacune d’entre elles valant un point. En cas d’égalité à la fin des 18 trous, les deux équipes gagnent 0,5 point. Obtenir au moins 14,5 points est donc nécessaire pour remporter la victoire finale. En cas d’égalité parfaite à la fin du week-end, 14-14, c’est l’équipe tenante du titre qui est déclarée vainqueur.

Cette année, l’Europe s’est baladée, avec une victoire tranquille 16,5 à 11,5.

D’un point de vue français, tant le sport que le format de la Ryder Cup peuvent sembler obscurs. La faute sûrement à l’absence de très grand champion français. Ailleurs en Europe, le golf est évidemment très populaire au Royaume-Uni et en Irlande. C’est également le cas en Espagne, grâce notamment à Severino Ballesteros, qui fut le troisième joueur non anglophone à remporter un Grand Chelem, en 1979. Depuis, il n’y en a eu que cinq autres, dont un autre Espagnol José Maria Olazabal et deux Allemands Bernhard Langer et Martin Kaymer. C’est dire l’hégémonie des anglo-saxons.

Toutefois, de plus en plus, la Ryder Cup fait partie du paysage sportif européen. Comparable à la Coupe Davis de tennis, elle donne une dimension collective à un sport profondément individuel. Trois jours tous les deux ans que les joueurs, du moins européens, semblent attendre avec impatience. D’après Jean van de Velde et Thomas Levet, les deux seuls représentants français de l’histoire de la Ryder Cup – jusqu’à cette année et la participation de Victor Dubuisson – c’est précisément l’esprit d’équipe qui confère aujourd’hui à l’Europe son statut de favorite.

« L’ouverture de l’équipe de Grande-Bretagne aux pays européens a amélioré le niveau, mais c’est surtout qu’en termes de population, l’Europe rivalise avec les Etats-Unis. Le travail du capitaine européen est plus facile que celui du capitaine américain, parce que les individualités sont un peu moindres, on est plus soudés. La preuve : plus d’anciens joueurs viennent à la Ryder Cup pour supporter l’équipe, où que ça se joue », a révélé Thomas Levet au Monde.

Véritable serpent de mer de la politique du sport, l’idée de généraliser les équipes composées de joueurs venus de plusieurs pays européens fait frémir d'envie les promoteurs de l'unité européenne, mais ne se prête pas à tous les sports. Loin s’en faut. La Ryder Cup fait figure d’exception et on voit mal dans quelle autre discipline une telle configuration pourrait être réunie. Les compétitions opposant des continents n’existent pas.

Les calendriers des sports collectifs sont aujourd’hui réglés comme du papier à musique et s’agencent autour de compétitions désormais anciennes, populaires et souvent lucratives. Le fonctionnement par clubs et équipes nationales prévaut.

Idem en ce qui concerne les sports individuels. S’il est toujours possible d’envisager la création de nouvelles compétitions, l’organisation actuelle des disciplines laisse peu, voire pas du tout, de place aux innovations. De surcroît, les syndicats ou associations de sportifs professionnels réclament à intervalle régulier l’allègement des calendriers afin de ne pas trop solliciter les organismes.

Pas de Ryder Cup du football, du rugby ou du tennis en vue donc. Ce type de compétition risque de rester l’apanage du golf pendant encore longtemps. On se contentera de réunir (sur les greens) les îles britanniques et le reste du continent. Déjà pas si mal.


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