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Urbanisme : les problèmes de riches de Bruxelles et Londres

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Globalement, Bruxelles et Londres n’ont pas grand-chose en commun. Ni la taille, ni le style. Seulement le melting-pot, un peu. Londres est une ville-monde, l’un des rares pendants de New York. Tandis que Bruxelles est une ville-continent, de par sa qualité de capitale de l’Europe, qu’elle ne cède à Strasbourg que 3 jours par mois. A cet égard, les deux capitales partagent un problème : celui du maintien de la cohésion urbaine avec l’arrivée assez massive de (plutôt) riches migrants.

Le Berlaymont loin de l’Elysée et du Reichstag

A Bruxelles, le quartier européen continue de pousser comme un champignon. Ses heures ouvrées : de 9h à 19h, du lundi au vendredi. Le soir et le week-end, à peu de choses près, il n’y a plus personne. La place du Luxembourg, devant l’une des multiples entrées du Parlement européen, ou la place Jourdan – célèbre pour la friterie Antoine – faisant partie des rares exceptions. Les bâtiments sont gigantesques et pas franchement accueillants. Ils sont entourés de larges rues permettant un intense trafic. L’ensemble est fort peu accueillant et résolument coupé du reste de la ville. Au mieux, c’est fonctionnel, au pire c’est repoussant. Car les travaux permanents et l’absence de plan d’urbanisme digne de ce nom rendent le quartier gris et embouteillé.

Pour schématiser, il s’agit en quelque sorte d’un « Central Business District » à l’américaine où les eurocrates ne viennent que pour travailler avant de rejoindre les cossues banlieues résidentielles bruxelloises, qui existaient d’ailleurs avant leur arrivée. Ce modèle existe ailleurs en Europe : la Défense ou Canary Wharf à Londres fonctionnent selon ce modèle.

Sauf que le quartier européen n’est pas un centre d’affaires et qu’il est censé incarner physiquement l’Union européenne. Un lieu public donc que les citoyens doivent pouvoir identifier comme ils le font dans leurs pays respectifs. Las, le Parlement européen et encore moins le Berlaymont ne sont l’Elysée ou le Reichtag de l’Union européenne. Ces immenses bâtisses de verre ne sont qu’à peine identifiées par le peuple européen. Et s’ils veulent aller les visiter, mieux vaut se préparer car on ne sait jamais à quelle porte frapper.

Le prochain bâtiment européen, destiné au Conseil européen, ne changera pas la donne. Baptisé l’Œuf, il sera tout à fait à l’image du quartier : un grand machin fonctionnel et déconnecté. Certes les chefs d’Etat et de gouvernement ne se retrouveront plus à Bruxelles comme s’ils avaient rendez-vous dans un hall de Hilton. Ils intègreront un immeuble au curieux design dont chaque fenêtre aura une forme différente visant à symboliser l’Union dans la diversité européenne. Que cet œuf ait coûté 300 millions d’euros, que le reste de l’environnement soit inchangé et surtout que l’impression d’opacité qu’il va dégager n’ont manifestement pas été pris en compte.

Chelsea abandonné aux riches investisseurs – les Londoniens en attente

A Londres, le problème est différent. Le quartier des ministères est à part, mais au cœur de la cité et les migrants – venus en masse du monde entier – sont plutôt bien répartis dans l’ensemble de la ville. Enfin à l’exception des plus riches en fait. Globalement ces derniers se sont installés dans les quartiers les plus chics, situés à l’ouest de la capitale. Venus de Russie, du Golfe persique ou d’ailleurs, ils sont à Londres pour faire des affaires et investir dans la pierre. L’explosion des prix immobiliers leur doit beaucoup et ils ont le cash suffisant pour rafler la mise et écarter certaines populations vers d’autres quartiers de plus en plus éloignés du centre.

A cela s’ajoute une certaine désertification de ces quartiers que sont Chelsea, South Kensington ou Mayfair. Pas forcément les zones les plus turbulentes de la capitale britannique, elles voient les commerces se vider, voire mettre la clé sous la porte. Le portefeuille rempli des locaux ne change rien à l’affaire car ces derniers ne sont en fait là, pour un nombre substantiel d’entre eux, que quelques mois – voire semaines – par an. Le Guardian croit même savoir que jusqu’à 20% des logements de certains beaux quartiers ne sont pas occupés à l’année.

Tessa Jowell, future candidate travailliste à la mairie de Londres, a promis de remédier au phénomène et de redonner de la place aux Londoniens en quête de logements. Si elle gagne l’an prochain, elle taxera fortement les propriétaires absents à l’année. En même temps, plus de 300 000 personnes sont en attente de logements sociaux à Londres, cette ville où le prix moyen d’achat immobilier s’élève à 530 000 euros, soit… 16 fois le salaire moyen annuel.


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